Le Qurʾān & l’abeille

« Si le Qurʾān est avant tout une affaire d’hommes et de femmes (et de jinns !), nombreux sont aussi les animaux cités dans le Texte. Et plusieurs ont même donné leur nom à une sourate ! C’est notamment le cas de l’abeille, al-Nahl. « Et ton Seigneur inspira aux abeilles : ‘Prenez vos demeures dans les montagnes, dans les arbres et dans les habitations que les hommes construisent ; Puis mangez de toutes sortes de fruits, et suivez les voies que votre Seigneur a tracées pour vous, avec humilité. De leur ventre sort un breuvage aux couleurs variées, dans lequel il y a une guérison pour les gens. Il y a certes en cela un signe pour ceux qui réfléchissent. » (Al-Nahl, v.68:69)

Une première lecture de ce passage offre déjà des informations d’ordre scientifique. Ici, l’abeille est décrite comme l’être à l’origine du miel, un « breuvage » sortis de leur « ventre », en fait de glandes (dans le ventre) permettant la formation d’une salive qui, mêlée au pollen, deviendra miel. Le procédé ne sera décrit par les naturalistes que récemment. Le Qurʾān en parlait déjà au 7e siècle chrétien, et ce, par la bouche d’un Prophète « illettré ». « (…) suivez les voies que votre Seigneur a tracées pour vous (…) » Au cours de la dernière partie de sa vie, l’abeille va en effet, sans relâche, chercher des fleurs à qui prendre du pollen pour le ramener à la ruche. Des allers et retours par centaines chaque jour. Et elle s’adonnera à sa tâche, sans rechigner, jusqu’à en mourir d’épuisement.

Outre le miel, véritable médicament utilisé depuis toujours par les hommes, l’abeille joue également un rôle essentiel dans la pollinisation. Grâce à elle, le pollen se déplace, favorisant ainsi la naissance de nouvelles fleurs ; grâce à la fleur, l’abeille travaille et survit. Le cercle vertueux par excellence. Mais là n’est pas tout. Si ce couple de versets sur les abeilles offre sont lot d’informations savantes, ils donnent avant tout à réfléchir sur l’inspiration divine. Car, et le 1er verset est clair, les abeilles n’agissent pas d’elles-mêmes : elles sont inspirées par ALlāh, guidées dans leur voie. Les études récentes montrent en effet un animal dont l’organisation, la dévotion à la tâche et la complexité de ses moyens de communication n’ont peu d’égal, sauf chez les fourmis peut-être (qui elle aussi a une sourate à son nom..).

Si la plupart des autres animaux prennent aussi du temps pour se reposer, vivre en famille ou pour le jeu, l’abeille n’est fait que pour le travail. Un travail au service des leurs, mais aussi de l’Homme. La vie d’une abeille est aussi très structurée : jeune, elle nettoie la ruche, nourrie les larves (1300 fois/jour et par larve) et bâtie les cellules de la ruche à l’aide d’une cire qu’elles produisent. Au bout de quelques jours de vie, l’abeille s’occupe du pollen ramené par les butineuses, et offre ses soins à la reine. Devenue une « adulte », elle fait alors ses premières sorties pour défendre et surveiller la ruche.

Et ce n’est que dans le dernier cycle de sa vie qu’elle intègrera le rang des butineuses. Jusqu’à mourir, elle multipliera les sorties et recherches, de l’aube au coucher du soleil (du fajr au maghrib) en portant des charges de pollen aussi lourdes qu’elle, sans s’arrêter. À ces abeilles il faut ajouter la reine et les faux-bourdons, ces mâles qui n’auront qu’une tâche : se reproduire le cas échéant avec la reine avant de mourir… Quant à la reine, après une vie à pondre et à être choyée, elle finira par se voir remplacée par une autre. L’ancienne reine restera dans la ruche si trop âgée mais le plus souvent, elle quittera d’elle-même la ruche avec des milliers de ses partisans pour fonder une autre ruche ailleurs.

Comme pour le reste, cet essaimage se fait au travers d’un process bien huilé. « L’essaimage des abeilles est un véritable processus anarchiste d’intelligence collective puisqu’il s’agit de parvenir à un consensus pour définir la future localisation de la colonie. » lit-on sur Wikipédia. Un ijmāʿ qui relève de l’incroyable… Toujours selon Wikipédia : « Les éclaireuses relatent une position qui leur semble propice à l’installation de la colonie par une danse …dont la vivacité reflète la qualité du lieu désigné (…). Toutes les exploratrices ont le même pouvoir d’information et présentent (…) souvent simultanément leurs découvertes. (…) L’abeille découvreuse d’un site va recruter (…) (des) éclaireuses qui iront (…) le visiter et entreprendre une évaluation indépendante. Elles (donneront) leur opinion, et cette mutualisation perpétuelle des connaissances aboutit au consensus pour une destination. »

ALlāhu akbar.

Une organisation d’autant plus remarquable que les abeilles sont, en haute saison, entre 40 et 80 000 à se partager une même ruche. Comment est-il possible qu’un nombre si important d’insectes comprennent ainsi leur rôle, se comprennent entre elles, et accomplissent leurs tâches sans confusion ni refus ? L’inspiration divine, certainement. Le seul verset où l’abeille est nominalement mentionnée (v.68) offre encore une dernière information non-moins intéressante. Composé de 16 mots, ledit verset contient 16 lettres différentes. Et ? L’abeille femelle (celle dont il est question dans le texte !) a en elle 16 paires de chromosomes… « Il y a certes en cela un signe pour ceux qui réfléchissent. »

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